C’est l’été, et pour Cueillette, qui dit nouvelle saison dit nouvelles teintures naturelles. Nous avons choisi de vous présenter un arbre dont les feuilles et les rameaux, récoltés en été, permettent de teindre en vert : le micocoulier.
LE MICOCOULIER : UN ARBRE GÉNÉREUX
Peut-être ce nom ne vous évoque-t-il pas grand-chose de prime abord… et pourtant, l’arbre du micoulier est plutôt commun en Europe, surtout dans les zones méridionales. Il en existe deux espèces, qui sont le micocoulier de Provence, ou celtis australis, et le micocoulier de Virginie, celtis occidentalis. Il peut vivre jusqu’à 600 ans et atteindre jusqu’à 25 mètres de hauteur.
En France, on trouve cet arbre en Provence et dans les Pyrénées-Orientales. Et pour cause : pour pousser spontanément, il apprécie notamment les coteaux ensoleillés, les climats chauds et les hivers doux. Vous le croiserez peut-être au cours de vos voyages : son habitat s’étend jusqu’au Moyen-Orient. Cela dit, vous n’aurez pas besoin d’aller aussi loin puisqu’il il supporte bien la pollution. Il peut être planté en ville sans problème et vous le trouverez donc dans vos parcs ou en bords de route !
Il produit un bois souple et solide, ce pourquoi il était apprécié pour fabriquer des outils. Dans le monde équestre, il est une référence pour la confection de cravaches, même si peu d’ateliers les fabriquent encore selon cette tradition. Le micocoulier est un arbre généreux. Ses feuilles lorsqu’elles sont jeunes, ses fruits qui arrivent à maturité en novembre, et la graine à l’intérieur du noyau sont tous comestibles. Bref, tout est bon dans le micocoulier !
Et il n’est pas généreux avec nous qu’en matière de nourriture. Dans notre article « 5 teintures naturelles emblématiques », nous vous avions expliqué qu’il est difficile d’obtenir des couleurs vertes en teinture naturelle sans mélange ou additif. Le micocoulier ne fait pas exception, mais avec la recette que nous allons vous présenter, il permet d’obtenir des verts tilleul ou kaki.
LA TEINTURE : MARCHE À SUIVRE
La première étape, évidemment, est de collecter la matière qui va nous servir à teindre. Pour obtenir du vert, on utilise les feuilles et les rameaux que l’on récolte au printemps et à l’été. Il s’agit ensuite de préparer et de conserver cette matière. Pour ce faire, à vos sécateurs : il faut hacher puis, si vous ne les utilisez pas tout de suite, faire sécher les feuilles et rameaux.
On applique ensuite une recette de teinture à chaud, qui nécessite deux bains. Dans un premier temps, faites macérer (au moins une demi-journée) les morceaux de feuilles et de rameaux hachés dans de l’eau. Puis, placez le tout dans un récipient et faites chauffer sur le feu durant une heure. Une fois cela fait, vous avez terminé la première étape : laissez refroidir le liquide.
L’étape intermédiaire, à ne surtout pas manquer, est le mordançage de l’étoffe que vous souhaitez teindre. C’est ce processus qui permet à la couleur naturelle de tenir dans le temps sur le tissu teint (pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article Comment teindre avec des colorants naturels ?). Pour le micocoulier, le mordançage se fait à l’alun combiné au tartre.
Une fois votre tissu mordancé et essoré, vous pouvez commencer l’étape de la teinture en elle-même. Trempez le tissu dans le bain refroidi et imprégnez bien toute la surface. Vous pouvez ensuite remettre le feu sous votre récipient et laisser chauffer au moins une heure en remuant régulièrement afin que la teinture prenne uniformément. Ressortez le tissu directement : la teinture est alors jaune.
Pour obtenir notre vert, il faut passer à l’étape du nuançage. Réservez le tissu à côté, dans une bassine avec de l’eau à la même température. Dans le bain de teinture, dissolvez une faible proportion de cuivre ou de fer, permettant respectivement d’obtenir une nuance vert tilleul ou vert kaki. Brassez bien le bain pour dissoudre les additifs. Replongez votre tissu dans le bain et laissez-le entre 5 et 30 minutes selon la nuance souhaitée. Enfin, vous n’avez plus qu’à exposer votre tissu à l’air pour renforcer la nuance, rincer et sécher votre étoffe.
Ouf, c’est fini ! Vous avez immortalisé les beaux jours estivaux grâce à la teinture au micocoulier.
La nature est opulente en été, c’est donc une belle saison pour les teintures. C’est aussi la saison par excellence des mariages. Pour allier les deux, Cueillette vous propose de jolis médaillons incrustés d’un échantillon twill de soie teint naturellement le jour de votre choix, de la couleur de votre choix. Une belle façon d’immortaliser votre mariage estival. Pour en savoir plus, c’est par ici. Pour découvrir une autre teinture : nous avons publié un article sur l’Arbre de Judée, dont les fleurs qui éclosent au printemps donnent de belles teintures jaunes.
Références
- Marie Marquet, Guide des teintures naturelles, Plantes à fleurs, Éditions Belin, Paris, 2011.
- Vidéo – « Micocoulier : l’arbre où tout est bon à manger ! », par Le chemin de la nature, à visionner ici
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