Chez Couleurs du temps, nous utilisons les teintures naturelles pour teindre nos carrés de soie. Chaque jour nous sommes émerveillés par la richesse de cette technique : les nuances et les possibilités qu’elle offre sont infinies ! Alors nous avons eu envie d’y consacrer plusieurs articles afin de partager avec vous cette passion.

Dans ce premier article, nous vous présentons les rudiments des teintures naturelles. La teinture naturelle pour les nuls, en somme !

Sur quelles matières est-il possible de réaliser des teintures naturelles ?

L’une des toutes premières choses à savoir lorsque l’on aborde les teintures naturelles est qu’elles sont principalement efficaces sur les fibres naturelles. Il s’agit par exemple de fibres végétales comme le coton et le lin ou de fibres animales comme la soie et la laine. Bien que moins régulièrement utilisées dans l’habillement, il est également possible de teindre des matières telles que le raphia ou le chanvre.

Selon la qualité des tissus sur lesquels on teint, les teintures naturelles ne prennent pas de la même façon. Le même colorant peut donc offrir des couleurs différentes en fonction du support utilisé pour teindre.

Avec quels colorants est-il possible de réaliser des teintures naturelles ?

Il est possible de teindre avec une grande variété de végétaux. Certains d’entre eux sont très connus et vous sont probablement familiers, la garance notamment. Mais il est également possible de teindre avec des matières plus surprenantes comme certaines écorces, certains champignons ou des lichens.

Plus proche de nous, de magnifiques teintes peuvent être obtenues à partir de végétaux que nous avons l’habitude d’utiliser lors de la préparation de nos repas comme le chou rouge, les épluchures d’oignon rouge et jaune ou la betterave.

Enfin, il existe des teintures naturelles élaborées à partir d’insectes ou de coquillages. Il s’agit par exemple de la cochenille – un insecte parasite qui se nourrit de la sève des plantes – et de la pourpre.

Nous vous parlons plus en détails de certaines matières colorantes dans cet article !

En pratique : Comment réaliser une teinture naturelle ?

Vous savez maintenant dans les grandes lignes sur quels tissus et grâce à quelles matières teindre. Encore faut-il savoir comment s’y prendre !

Le mordançage

La première chose dont il faut se préoccuper est le mordançage du tissu que l’on veut teindre. Cette étape permet de préparer les fibres à recevoir la teinture afin que la couleur s’y imprègne correctement et qu’elle tienne dans le temps. Un mordant est un mélange composé d’eau et d’une petite quantité de métal (les métaux les plus communément utilisés sont le fer, l’alun et le cuivre). Pour mordancer le tissu que vous souhaitez teindre, trempez-le dans cette solution en faisant monter la température jusqu’à 70 / 80°. À cette température, laissez le tissu dans cette solution pendant 45 minutes.

Le choix du mordant n’est pas une étape négligeable : il est non seulement indispensable à la tenue de la couleur dans le temps mais il joue également un rôle dans la couleur obtenue. Ainsi, un textile teint à partir de la même matière naturelle peut donner une nuance finale différente selon le mordant utilisé.​​

Le bain de plantes

Après le mordançage et un léger rinçage, on passe à la couleur à proprement parler !

Pour extraire le colorant qui vous permettra de teindre votre tissu, faites mijoter les plantes dans de l’eau pendant 45 minutes, filtrez cette décoction et laissez-la refroidir. Plongez ensuite la fibre humide et mordancée dans le bain de teinture. Faites à nouveau mijoter pendant 30 minutes à 1 heure en faisant monter la température du bain jusqu’à 60/70°.

Chez Couleurs du temps, nous utilisons la méthode de la teinture solaire. Celle-ci consiste à faire monter la chaleur tout au long d’une journée à l’intérieur d’un bocal grâce aux rayons du soleil.

Faites sécher les fibres à l’air libre, puis rincez (oui, dans ce sens-là ! Cela permet une meilleure fixation de la couleur).

Que peut-on faire avec les teintures naturelles ?

Tellement de choses ! On vous laisse avec quelques images de travaux que nous apprécions particulièrement…

Le shibori

Le shibori (ou tie and dye, littéralement “plier et teindre”) existe depuis des siècles et est une technique qui a été utilisée aussi bien en Amérique du Sud qu’en Asie et en Afrique. Des exemples de shibori ont été retrouvés dans des tombes vieilles du IVe siècle le long de la Route de la soie ! C’est cependant au Japon qu’il a vraiment pris son expansion à partir du VIIIe siècle et a été développé au rang d’art. Même si le shibori peut techniquement être effectué avec n’importe quelle teinture, les Japonais utilisent traditionnellement l’indigo, une teinture naturelle. Traditionnellement, il était utilisé pour orner des kimonos, mais les utilisations actuelles sont multiples !

La technique : plier, ou utiliser des galets ou tout autre matériaux, pour créer des réserves qui laisseront apparaître des motifs blancs sur fond coloré une fois le tissu teint, déplié et rincé.​​

Le batik

Le batik est une méthode d’impression sur la soie et le coton originaire de l’île de Java, en Indonésie, et classée au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2009. Elle est apparue il y a fort longtemps (les premiers exemples datent du Ve siècle)  et dans beaucoup de civilisations, mais son développement massif sur Java s’est déroulé à partir du XVe siècle. Aujourd’hui, si le mot “batik” en lui-même est javanais, le batik est une méthode pratiquée dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie – Togo, Madagascar, Chine, Sri Lanka, Malaisie… Ces étoffes aux motifs végétaux et géométriques accompagnent traditionnellement les Indonésiens au long de leur vie : elles portent chance aux nourrissons et aux morts qui sont drapés dans celles-ci. Elles sont également utilisées au quotidien dans l’habillement.

La technique : Elle consiste à tracer des motifs à la cire sur un tissu avant de le teindre à froid avec des teintures naturelles. Une fois la cire retirée grâce à un trempage dans de l’eau bouillante, les motifs apparaissent en blanc ou dans la couleur initiale de l’étoffe.​​

L’écoprint

L’écoprint est une technique bien plus récente que le shibori et le batik. C’est l’australienne India Flint, une contemporaine, qui est reconnue comme étant la pionnière de ce domaine. Plutôt que de reproduire grâce au dessin les belles formes des végétaux, l’écoprint consiste à utiliser directement les végétaux et leur pouvoir tinctorial.

La technique : disposer des feuilles et végétaux sur du tissu, bien serrer le tout à l’aide de corde et d’élastiques, et oublier le tout quelques temps. Les végétaux vont s’imprimer par eux-mêmes sur le tissu grâce aux métaux et aux colorants qu’ils contiennent !​​

Alors, passionnant, n’est-ce pas ?

Sources sur les techniques d’impression