Responsable (adj.) : « qui est réfléchi, sérieux, qui prend en considération les conséquences de ses actes »

Il était une fois, la fast fashion…

L’industrie de la mode est la deuxième plus polluante au monde après celle du pétrole. Cette réalité affolante trouve ses racines dans les mêmes phénomènes que beaucoup d’autres problèmes écologiques : l’avènement de la société de consommation. Petit à petit, dans le domaine de la mode, de gigantesques entreprises se sont imposées sur le marché du textile et du vêtement en proposant, grâce à une production délocalisée, des prix défiant toute concurrence. Les enseignes de grande distribution connues par tous proposent des nouveautés toute l’année et non plus seulement par saisons, ce qui engendre qu’au-delà de la simple consommation et des modes, la mode est aujourd’hui un secteur de surconsommation. C’est la fast-fashion. Le problème ? Lorsque l’on ne paye pas, quelqu’un d’autre paie. En l’occurrence, la planète et les travailleurs.

Comment la mode est devenue la deuxième industrie la plus polluante de la planète

Si de multiples causes expliquent l’impact très néfaste de la mode globalisée, les principales sont à trouver dans le cycle de production et de distribution des vêtements. Les matières premières textiles sont bien régulièrement, à l’instar des fruits et légumes, couvertes de pesticides pendant leur culture. De plus, les vêtements étant produits dans des quantités inimaginables du fait de la distribution à grande échelle, la fast fashion est la source d’un épuisement de ces mêmes matières premières ainsi que de l’eau, par exemple.

Les matières utilisées pour teindre des chemises, délaver des jeans ou traiter le cuir sont souvent toxiques et polluantes ; or elles s’infiltrent à la fois dans les sols, l’eau et les organismes des personnes les manipulant.

Comme si ce n’était pas assez, entre le moment de leur conception et celui de leur vente, en passant par leur confection, les vêtements font parfois plusieurs fois le tour de la Terre, ce qui engendre bien entendu une empreinte carbone démesurée.

Comment la grande distribution méprise les droits humains

La mode dans son fonctionnement actuel ne détruit pas seulement l’environnement. La fast fashion soutient souvent un esclavage moderne : pour produire peu cher, les grandes enseignes emploient des personnes souvent dans des pays émergents ou en travail informel dans les pays occidentaux. Cela a plusieurs répercussions.

D’abord, le droit du travail dans ces pays – ou l’absence de respect du droit du travail en cas d’emploi souterrain – crée des conditions de travail terrifiantes pour les ouvriers. Entre travail infantile, heures de travail bien plus longues que viable pour la santé, intoxication du fait des substances manipulées sans protection… les travailleurs et ouvriers employés par les enseignes de grande distribution sont ceux qui paient l’addition de cette mode « pas chère ».

La mode est également très injuste en termes de partage de la valeur ajoutée : les travailleurs obtiennent une paie indécente pour leurs efforts, insuffisante à leur bien-être et à celui de leur famille, tandis qu’au mépris d’un prix juste pour les consommateurs les marges dégagées pour les groupes de l’industrie sont bien supérieures au nécessaire.

Le constat est là : la mode mainstream d’aujourd’hui méprise l’environnement et les droits humains et est donc loin de correspondre à la définition de « responsable ».

Les solutions pour une mode éthique, respectueuse des hommes et de l’environnement

La prise de conscience de tous ces abus a été et est toujours lente. En 2013, le bâtiment du Rana Plaza au Bangladesh, qui abritait des ateliers de confection pour cinq enseignes de grande distribution, s’est effondré, ce qui a entraîné la mort de plus de mille ouvriers – majoritairement des femmes. Cette catastrophe constitue un évènement majeur dans l’évolution des mentalités. Elle a mené à la création de l’organisation Fashion Revolution, qui milite pour une mode qui respecte des conditions de travail décentes pour les travailleurs et qui ne détruise plus la planète et cherche à responsabiliser les grands noms du secteur.

Dans ce sillage, de nombreux entrepreneurs ont monté des projets intégrant dans la mode, chacun à leur manière, les enjeux sociaux et environnementaux. Mode responsable, mode éthique, slow fashion, mode durable… tous ces termes désignent, avec des nuances et des points d’emphase, le mouvement dans lequel s’inscrivent ces marques, dans le but de susciter une prise de conscience globale des conséquences de nos choix de consommation.

En matière environnementale, certaines marques écoresponsables font le choix des matières biologiques – par exemple le coton biologique – ce qui garantit l’absence de pesticides. Autre possibilité, souvent complémentaire, éviter l’utilisation des matières polluantes pour la teinture. Utiliser des matières qui existent déjà – vêtements à partir de chutes de tissus, de textiles détournées (par exemple des anciens rideaux), tissus recyclés… – permet d’éviter le gaspillage de textiles. Enfin, la fabrication locale comme le Made in France et le Made in Europe par exemple offre aux marques plusieurs garanties. La première concerne la traçabilité et les normes environnementales plus élevées que la moyenne, la seconde concerne une empreinte carbone plus faible grâce à des transports raisonnés.

En matière de responsabilité sociale, la mode éthique produit des vêtements de qualité à un prix juste. Cela passe dans tous les cas par des salaires décents. Les marques misent aussi sur le savoir-faire artisan, par exemple en valorisant des techniques ancestrales et propres à certaines communautés ou encore en faisant appel à des personnes en réinsertion pour la confection des pièces. Certaines marques utilisent également les produits de leurs ventes pour financer des projets sociaux localement ou dans certaines zones défavorisées.

Évidemment, beaucoup de ces gestes environnementaux et sociaux vont main dans la main : par exemple, il est impossible de garantir le bien-être des travailleurs en utilisant des produits hautement toxiques.

La responsabilité de chacun pour rendre la mode durable

La mode responsable prend de nombreuses formes. Parmi les actions possibles pour que la mode soit durable et donc n’épuise pas excessivement les ressources, beaucoup sont à la portée de tous.

D’abord, pour que nous portions longtemps nos vetêments, il s’agit de pouvoir les aimer longtemps. Choisir une pièce qui nous suivra longtemps, c’est bien réfléchir à nos achats, au style que l’on souhaite, à son intégration dans notre dressing… pour être sûrs que cette pièce nous rendra heureux longtemps et que l’on n’aura pas besoin de la remplacer dans quelques mois.

Quand on aime ses vêtements, on en prend soin. Ne pas les laver à trop haute température, bien lire les instructions (les nôtres sont juste ici) pour ne pas faire feutrer un pull tout neuf, ne pas sécher au sèche-linge lorsque c’est évitable, repriser un petit trou ou le faire repriser par un ami ou un professionnel… Autant de manières d’économiser de l’énergie et de préserver nos vêtements.

Quand les vêtements ne nous plaisent plus, ou ne correspondent plus à notre corps, nous pouvons leur donner une nouvelle vie. S’ils sont encore en bon état, ils peuvent rendre heureux quelqu’un d’autre ! Les donner à vos amis, les vendre dans un dépôt-vente, les donner à une association pour contribuer à aider une personne en détresse… Les moyens ne manquent pas. S’ils sont en mauvais état, pas de panique ! Le recyclage du textile existe et il permet de donner de la matière première pour une nouvelle confection.

La mode de demain

En définitive, vous l’avez compris, une mode responsable ce sont des vêtements de qualité qui durent, qui font vivre ceux qui les fabriquent et qui respectent notre environnement. Chez Couleurs Du Temps, nous sommes animés par cette vision de la mode de demain. Nous espérons y contribuer à notre échelle et nous sommes convaincus que toutes les initiatives comme la nôtre, ajoutées bout à bout, feront prendre vie à cette vision. Grâce à tous, pour le bien de tous.

Pour en savoir plus